L'appel de Londres

Lundi 28 novembre. [...] Arrivés à la gare de Waterloo, nous sautons dans un typique taxi londonien. Le chauffeur nous fait traverser la ville en conduisant comme un malade, laissant sur places les rues, les derniers bus à impériale condamnés à disparaître et les cabines téléphoniques rubicondes. Nous arrivons dans les studios RAK, à deux pas du Regent's Park, avec 1h d'avance. Quitte à tuer le temps, nous décidons d'aller le noyer dans une pinte au pub d'à côté. De retour à l'heure dite, nous sommes accueillis par le staff d'EMI, qui nous installe dans un salon du 1er étage. Les couloirs sont blindés de matos...Ceux de Placebo, mais aussi de Gomez qui enregistre dans le studio 1. 15minutes plus tard, on nous introduit dans le studio 3. Ils sont tous là: Brian, Stefan, Steve, Dimitri Tikovoï et quelques techniciens. Il ne manque que Flood qui mixe à côté. Brian nous explique que nous sommes les 1ers veinards à écouter l'album et précise que le mix n'est pas tout à fait fini. Nous allons pouvoir 9 de leurs 16 nouveaux morceaux, la plupart sans titre. Entre 11 et 13, figureront sur la version finale de l'opus. Même si l'excitation de présenter la bête se lit sur les visages des 4 hommes, on voit que la confiance règne. Ils semblent sûrs d'eux. Brian Molko nous propose du vin rouge et de la bière, et nous montre des sièges où nous installer. Le technicien de la sono, enfin, lance ce pour quoi j'ai parcouru 347,6km depuis ce matin.

Track 1 (pas encore de titre)
Le morceau démarre d'un coup et pose sur le champ une rythmique rapide, à base de guitares obsédées par un seul acord répété frénétiquement. La mélodie, très prenante, séduit tout de suite. La batterie est entêtante, les guitares poussées dans leurs derniers retranchements, on perçoit quelques arrangements derrière. Molko répète "Don't give up 'cause I want you (N'abandonne pas car je te veux)". Un léger pont suspend ensuite Placebo dans une courte pause avant le retour du gros rock pour une fin aussi soudaine que le début. A côté de moi, le pied de Dimitri bat la mesure.

Track 2: Meds
L'intro est très proche de celle d'Every You, Every Me, une voix très féminine- VV, des Kills- commence à chanter, bientôt rejointe par celle de Molko. Les deux chants se mélangent dans des chœurs sur des guitares urgentes, la pression monte d'un cran, les 6-cordes sont saturées, c'est l'escalade, jusqu'à la fin qui tombe subitement sur le même accord de sèche qu'en intro.

Track 3: Infrared
A l'entame du morceau, on pense une demi seconde à Taste in Men pour l'ambiance, mais dans un registre plus sombre. Le refrain est extrêmement attirant, on est dedans dès la 1ère écoute. Les couplets sont sur une structures voix/clavier/batterie; le pont en voix/batterie. Jusqu'ici, les 3 pistes entendues pourraient être autant de singles.

track 4: One Of A Kind
L'intro (xylophone ou marimba?) laisse vite place à un couplet très noir, qui rappelle le type de son que l'on trouvait sur Sleeping With Ghosts. La suite est un déluge de guitares qui nous remet illico sous pression. Ce qu'on entend est plus indu, plus Black Market Music. Les guitares sont vraiment en avant, Brian Molko lâche dans ses paroles un "I am one" bien pertinent parce que, justement, l'amiance rappelle celle del'I Am One du premier album des Smashing Pumpkins. Le tout se termine sur une phrase répétée plusieurs fois pas Molko, seul sans instrumentation: "On the top of the world you get nothing done (Sur le toit du monde tu n'arrives plus à rien faire)".

Track 5 : Space Monkey
La batterie introduit le morceau, accompagnée par des bruits métalliques éparpillés. Le chant est vraiment sombre et les guitares très graves. La voix ressort néanmoins de l'ombre pour adopter un ton beaucoup plus claire sur la suite. Des couperets métalliques tombent en arrière-plan, les couplets sont grandiloquents avec des claviers épiques avant les cordes. Une petite pause au piano intervient, accompagnée par des murmures de Molko, puis on repart dans l'héroïque avant outro sans clavier sur des accords en réverb' et un xylophone qui égrène les dernières secondes.

Track 6 : Follow The Cops Back Home
L'intro est en écho, les rytmes qui suivent sont plus rapides, mais accompagnés d'un chant calme. La mélodie est plus contruite sur le mileu du morceau avec l'apport de claviers. Les guitares sont tournoyantes et limpides, saturées mais paisibles, c'est la plage la plus lumineuse jusque là.

Track 7 : Post Blue
Des guitares noyées dans un verre d'eau semblent mimer une mélodie enfantine. Le chant est un peu rappé et s'accorde des pauses qui précèdent des transitions sur claviers épiques. Les feedbacks de guitares parsèment les couplets, Molko précise:"It's in the water baby (C'est dans l'eau baby)". Ca s'entend et, pendant le pont, Brian semble même mettre la tête dans le bocal avant que tout ne se termine sur des rythmes assez indus.

Track 8 : In The Cold Light Of Morning
Dès l'intro, on pense à Tim Burton. Molkosemble raconter un comte horrifique. On entend une guiatre sèche se détacher du marasme, puis le tout part dans une valse noire avant un solo d'orgue. L'idée se fait plus précise : c'est la bande son d'un adaptation sombre d'Amélie Poulain sous la neige filmée par Burton. C'est le morceau le plus calme de l'ensemble, il s'achève comme un mauvais rêve de pantins en noir et blanc.

Track  : Song To Say Goodbye
On repart directement dans le speed. Molko laisse échapper ses phrases une à une, on sent les guitares derrières qui trépignent en attendant de pouvoir se lâcher complètement. Toutefois, la suite n'est pas la tempête pressentie, même si elle est un peu énervée. Le 2eme refrain démarre dans un trip à guitares aus rythmiques teintées de Withou You I'm Nothing recouvertes d'une couche de claviers furieux. Le morceau se termine sur une suite sans fin de "Goodbyes" répétés par Molko.



Dans l'ensemble, les 9 pistes dont ressortir un son moins lisse et beaucoup plus rock'n'roll que Sleeping With Ghosts, mais le mis n'étant pas fini au moment de l'écoute, on ne sait si la version finale gardera ce même esprit brut et sombre...


L'appel de Londres
Type
Interview
Date de parution
Non communiquée
Source
Rock Mag
Mise en ligne
7 janvier 2006
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