Bercy 2006... C'était nous.

Dès les premières lueurs d'octobre... En tout bien tout honneur... Oh je sombre...
Puisqu'il faut commencer, alors commençons. Cela fait une semaine. Une semaine déjà que j'ai vécu aussi intensément chaque seconde, ce compte à rebours avant l'apothéose. Avant la finale extase résultant de nos attentes. Oui bon, d'accord, j'arrête ici le mélodrame dans le ton de cet article, et je me contente de raconter.

Près de 6 mois qu'on attendait ça. La date de Placebo à Bercy est devenue mythique, si mythique qu'elle s'est dédoublée. Mais je n'y serai que le lundi 2 octobre, faut pas abuser des bonnes choses. Et puis, vu les déceptions de ces derniers mois, mieux vaut ne pas trop vite jeter l'argent par les fenêtres...
Arrivés vers 18h la veille, l’attente est longue. Très longue. Octobre gelé, la nuit fut courte. Début des balances dans l’après-midi, on entend I know, Space Monkey, Drag et Infra-Red... Grâ... On rêve de la setlist, on prie pour avoir I Know, on fantasme d'avoir des démos comme Leni, Bubblegun et Eyesight to the Blind…
Il est 19h00, appareil de Jude (Passive Attack) planqué comme à mon habitude maintenant, les barrières peuvent enfin s'ouvrir... Je passe la fouille comme une fleur, je cours, j'entends Marine (ashtray_princess) hurler et je lui réponds moi-même par un cri (oui, mon instinct primaire et bestial refait surface dans des moments pareils...). Un vigile au grand sourire me dit qu'on ne peut pas courir, je lui réponds sans le regarder, en souriant mais sans arrêter ma course « Non non je cours pas ! ». Arrivée dans Bercy. ENFIN. Je cours, je cours, je croise un David Amen mort de rire, caméra à la main, moi une main plaquée contre ma poitrine de peur de perdre l'appareil photo de Jude et manquant de me prendre les pieds dans... mes propres pieds. J'atterris entre Elodie (ColourOfPlacebo) et Lou, affalée sur la barrière. Je la tiens, je ne la lâcherai plus. Je me retourne et regarde la salle que je viens de traverser. Celle-là-même dans laquelle le DVD Soulmates never die a été filmé, trois ans auparavant. Elle a l'air bien plus petite que ce à quoi je m'attendais. Mais bon, 18.000 personnes, c'est 18.000 personnes... Derrière moi, je rencontre une autre cityzienne. Mam'zelle serial-kileuse auprès de qui je m'excuse déjà à l'avance pour les éventuels coups et blessures que je pourrais lui infliger durant le concert. Ils savent comment nous faire attendre, à Bercy. Noir Désir, The Caesars, The White Stripes, AC/DC, Rage Against The Machine... De loin, je vois Missy, ses larmes de pas être proche de nous... Mon cœur qui se casse à l'intérieur...
20 heures approche, les lumières s'éteignent, et Emilie Simon enflamme Bercy (du moins, à côté de moi, c'est la pioure folie !). J'entends même Silverrrr crier un magnifique « A POIIIIL » à Emilie... Ajouté à tous nos petits et timides « à poil », je crois qu'elle nous a remarqués, la petite femme aux chaussures rouges. Les titres s'enchaînent. Du peu que je connais d'elle, je reconnais Fleur de Saison et Dame de Lotus dans le lot. Bien vite, il est 20h45. Emilie nous quitte avec un « Bonne soirée avec Placebo ! », suivi par une foule de cris dans la salle. Retour à la lumière et à l'attente, Missy quitte sa barrière et nous rejoint en troisième rang. « C'était avec nous ou pas de concert du tout ». Grands sourires et larmes aux yeux. La tension monte, les techniciens s'affairent sur scène, les pieds de micros sont placés, dont celui de Stef juste devant Elvine, Elodie et moi... Ce concert, il sera beau. On déballe nos banderoles, on s'apprête à subir un choc vers l'avant dès que la lumière s'éteindra... On les voit monter en coin de scène, Steve, Bill, Alex, Brian et Stefan...
Les premières notes d'Infra-Red retentissent. C'est là que le déclic se fait. Placebo, Bercy, 2 octobre 2006, c'est maintenant. Ils arrivent sur scène. Coup d'œil furtif de Stef vers nous, vers notre banderole. Le plus grand sourire imaginable s'accroche à ses lèvres et il empoigne sa basse. « In Stef vi tror », en Stef nous croyons. Et on a bien raison.
I was alone, falling free... Absence de VV sur Meds, mais toujours autant d'énergie, même de la part de Brian. Il sourit, il prend son pied à être sur scène, et nous on prend notre pied à le voir vivre sa musique. Plus aucune trace de son angine, et tant mieux. Des refrains entonnés par plus de 15.000 personnes, des bras qui se lèvent et des « A POIL » qui sont hurlés tout autour de moi... Et par moi aussi, ne le nions pas...
Because I want you, ou la chorégraphie répétée dans la file d'attente avec Gary pour leadeur... On danse sous les regards de Stefan et de Brian, et devant les pseudo-sourires de vigiles à la fois amusés et blasés. Because I want you toooooo...
Ensuite, vient Drag, ou la chanson dont je n'ai aucun souvenir. Je sais qu'elle a été jouée, ça oui, mais pour le reste… Bref, Drag n'est décidément vraiment pas celle que je préfère.
Les chansons-émotions vont s'enchaîner, car maintenant vient ma chanson-gobelet, celle que j'ai réussi à chanter comme une pro (même que Brian il s'est planté, il a rajouté un couplet qu'on sait pas trop d'où il vient), et dont les refrains m'ont déjà fait ravaler pas mal de larmes... Space Monkey, ou la folie du mégaphone inaudible... Brian s'accorde même une petite escapade de notre côté de la scène. Raising the temperature one hundred degreeeeeeeeees...
Petit retour dans le passé, avec Soulmates. Mes mains dans celles d'Elvine et d'Elo, mon regard plongé dans celui de Stef, je chante comme une possédée... Dry your eyes, 'cause Soulmates Never Die... Ce soir, c'est Placebo qui ne mourra jamais.
Premiers accords de guitare indiquant La Chanson que nous attendions tous. Du moins que j'attendais, moi. Egoïstement ma chanson. Ma mienne à moi que je déteste autant que je l'aime. Celle que j'ai écoutée durant des heures et des heures, celle dont j'ai même écrit quelques paroles la veille du jour où j'ai appris qu'ils la joueraient en live. I know, ou l'un des moments les plus poignants en émotions. Incapable de chanter les bonnes paroles, je me contente d'écouter. Un Brian plus que poignant à en déchirer le cœur, lorsqu'il transforme les paroles sur la fin... « You know, you love the song but not the singeeeeeeeer »... De quoi foutre une belle gifle dans nos tronches, nous qui crachions sur lui depuis plusieurs mois. En pleine crise existentielle, le Brian ? En tout cas, avec toutes nos banderoles destinées à Stef, c'a dû lui changer... (excepté la magnifique banderole de Missy, « Brian baise-moi ; Coucou Papa & Maman »)
Poignante transition avec Song to say Goodbye, magique... J'aime surtout la fin de cette chanson, avec le synthé. Puis le sourire de Brian en lisant nos banderoles, ainsi que son petit « oui » acquiesceur (oui, ce mot n'existe pas, je sais monsieurledictionnaireautomatiquedeword) nous soutenant dans notre but ultime consistant à désaper Stefan. Ceci-dit, Elodie continue à hurler des « Take of your clooooothes » à Stefan dès que celui-ci a le malheur de ne pas jouer. Cet homme fait décidément preuve de mauvaise volonté, parce que n'essayez pas de me faire croire qu'il n'a pas compris le but de notre requête. Même un sourd aurait compris.
Vient ensuite la chanson pour laquelle je suis totalement, mais alors totalement hermétique sur album, j'ai nommé Follow the cops back home. Même si en live, elle me procure quelques frissons, je maintiens que ce n'est pas leur meilleure innovation musicale. Elle reste tirée en longueur, bien que bourrée d'émotions dans la voix de Brian lors des « Rob their houses ».
L'intro d'Every you Every me, ou l'intro que tout le monde reconnait dès les premières notes... Pour beaucoup, c'est par cette chanson qu'ils ont découvert le groupe, pour moi, c'est tout simplement un bout de ma vie. Carve your name into my arm, I know I'm selfish, I'm unkind... L'une des chansons rescapées du second album, un réel plaisir pour les oreilles et pour les yeux...
Special Needs, ou LA chanson à laquelle je ne m'attendais pas du tout. Encore une merveilleuse ballade. Même si je commence à me dire que l'ordre de la setlist n'est pas super étudié, il reste néamoins que Placebo parvient encore à me surprendre. La rage exprimée tout en douceur, la faiblesse et la passion reflétée dans Special Needs... Qu'est-ce qu’elle fait mal, cette chanson...
Arrivent ensuite les accords électroniques de One of a Kind. Celle-là, elle m'a littéralement transcendée. Déjà que c'est l'une de celles que je préfère ces derniers temps sur Meds, là, j'avoue, j'étais clouée contre ma barrière (que je n'avais toujours pas lâchée, non non, je suis coriace). « The back of the class is were I'm from »... Cette phrase-là, elle me reste en tête. Même une semaine plus tard. Et pour longtemps encore, je crois. Et puis les grimaces de Brian lorsqu'il parle de l' « Into the void », la petite danse de Stef au début de la chanson... Que du bonheur...
Alors, Without You I'm Nothing, comment dire ? Mon dieu. Encore une à laquelle je ne m'attendais pas trop. Tous les tic tac repris en chœur par le public, les bras qui se lèvent, les larmes qui humidifient les yeux tout autour de moi... Et puis la plainte lancinante de Brian lorsqu'il entame « I'm unclean, a libertine... », et le « Without you I'm nothing at all » final qui me donne des frissons jusqu'au plus profond de mes artères...
Tellement on hurle que l'on entend pas le « Ca fait 10 ans ! » de Stef. Dès les premiers tititititi tututututu, c'est la transe. Bionic, ou le syndrome d'une folie qui baigne dans le sang de tous ceux qui m'entournent... Et puis ces « None of you can make the grade », plus qu'une évidence.
Bon, la chanson suivante... Heum, comment dire ? Blind. Elle est belle, hein, c'est pas ça. C'est juste qu'elle me fait penser à... blind quoi. Et ça, c'est pas le top. Par contre, je suis toujours aussi fan du moment où Brian chante « If I could tear you from the ceiling ». Avec ou sans faute d'orthographe, voire même en langage SMS.
Palapam Palapalapam Pam Pam... Ou Elodie qui chante Special K... Le groupe est toujours aussi à fond dans leur musique, ils sourient, ils bougent. Même s'ils ne communiquent pas énormément avec nous, je pense que dans un de leurs sourires, on pouvait en tirer bien plus que dans de longues phrases. Le mini-blanc du premier refrain, avant « Gravity », me transporte littéralement. En hauteur, planant au milieu de la foule, j'me sens seule même si je suis plus qu'entourée... On chante, on crie, on tend les bras, on sourit toujours plus fort...
S'enchainent alors quelques secondes de blancs, comblées par les cris du public surexcité, quelques secondes durant lesquelles on ne sait trop pourquoi, on parvient à deviner la chanson qui arrive... Une évidence, un fait établi. Et viennent les premiers accords de The Bitter End. On a face à nous un groupe déchaîné, quatre guitares entourant la batterie de Steve, ils sont un bloc, ils font de cette chanson un hymne absolu. A chaque concert de Placebo auquel j'ai pu assister, ils l'ont jouée. Brian entame les présentations sur les derniers accords de la chanson... Bill, Alex, Stefan et Steve... See you at the bitter end !
Les lumières s'éteignent, le groupe descend de scène. On continue à crier, à applaudir... PLA-CE-BO, PLA-CE-BO, PLA-CE-BO, PLA-CE-BO, ...
Et l'intro de Running up that hill de nous confirmer dans nos premières impressions : question setlist, ils ont fait fort. Elle est longue, interminable... Mais on attend patiemment... Le premier rappel, ça marque le début de la fin. Que jamais ça ne finisse, jamais... Cette soirée, c'est la notre, c'est Bercy 2006, et elle ne peut pas s'arrêter... A nouveau un Brian lancinant sur les derniers refrains de cette reprise de Kate Bush, limite poignant. Les bras se lèvent, les cœurs s'ouvrent encore une fois... Elle est longue, très très longue... Elle ne finira jamais... Comme s'ils ne voulaient pas finir, eux non plus...
Ils redescendent de scène, encore une fois. Mais un technicien, en voulant enlever le pied de micro de Brian, déclanche la toute première de note de Taste in Men. Ca passe inaperçu pour certains, mais pour moi, c'est l'extase. Taste in Men, David nous filmant, criant toujours plus fort, agitant nos banderoles à bout de bras, on n'a presque plus de force mais on tient... Et les revoilà, Stef ne nous faisant pas sa dance mais en souriant avec Brian, toujours en forme. Cette chanson-là non plus, on ne s'y attendait plus. Et pourtant...
Annoncée comme dernière chanson, c'est au tour de Twenty Years d'enflammer mon cœur. Parce que tout le monde peut se retrouver dans Twenty Years. Parce que « You're the truth, not I ». Parce que le solo de cette chanson est abominablement beau.

Retour à la réalité un peu, enfin pas totalement. Parce qu'il faut bien.
Direction le métro pour quelques uns d'entre nous, puis derniers mots à écrire sur la banderole de Lili. Les larmes aux yeux, on se quitte, mais des rêves plein la tête encore… Je n'écoute pas ce qu'on me dit, j'ai les yeux à peine entrouverts, mon cerveau est hors-service. En rentrant, Elodie propose de mettre Soulmates Never Die, Live in Paris 2003, mais à part les premières notes de Bulletproof Cupid, on a pas vu grand-chose...
Il est environ 13h30, nous sommes le mardi 3 octobre 2006. L'odeur dans la chambre d'Elodie est immonde. Mais pire, même. C'est indescriptible. Ca pue le bonheur d'avoir enfin vécu ce qu'on attendait depuis des mois, mais ça pue la tristesse que ce soit fini, déjà...

Rester Placebienne pour toujours. Parce que ces trois derniers jours, j'étais fière d'être Placebienne. Fière d'être comme eux. Fière d'être comme moi. Fière.
Retourner dans les confins de mon pays. Retourner à mon quotidien. Inchangée, plus que probablement. Mais renforcée dans mes convictions. Le jour du 5 novembre 2005, lorsque je me suis inscrite sur Placebo City, j'ai changé ma vie.

Bercy à tous. Cityziens never die, puisqu'on finira tous à poil.

Nathy.


Bercy 2006... C'était nous.
Type
Review
Date de parution
Octobre 2006
Mise en ligne
13 août 2008
Déjà lu
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