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Une «Melody» en demi-teinte

J ean-Claude Vannier (à droite) a dirigé l'orchestre près de quarante ans après la création de l'Histoire de Melody Nelson , ici avec Matthieu Amalric.

Trente-sept ans après sa parution, l'album culte de Serge Gainsbourg a été joué pour la première fois à Paris.

Histoire de Melody Nelson a longtemps fait figure d'album maudit dans l'œuvre de Serge Gainsbourg. À sa sortie, en 1971, il ne trouva que peu d'acheteurs, le format atypique de ses chansons empêchant toute exploitation radiophonique. Depuis une petite dizaine d'années, il figure régulièrement dans le palmarès des plus grands enregistrements du siècle, tant en France que dans les pays anglo-saxons.

Premier véritable « concept album » publié dans notre pays, il narre la rencontre entre un quadragénaire et une lolita anglaise. Musicalement, l'entreprise signait l'alliance osée entre instrumentation rock (guitare, basse, batterie) et orchestration classique (cordes, vents, bois). Co-compositeur et arrangeur de cette partition, Jean-Claude Vannier lui a redonné vie pour la première fois à Londres en 2006.

Alors qu'elle accueille l'exposition « Gainsbourg 2008 », la Cité de la musique lui a permis de reprendre le spectacle, accompagné par l'orchestre Lamoureux et une section rythmique impeccable parmi laquelle figure Herbie Flowers, déjà présent sur le disque. Outre les comédiens Mathieu Amalric et Clotilde Hesme, présents en ouverture et en fermeture, les chanteurs Brian Molko (du groupe Placebo), Brigitte Fontaine, Martina Topley-Bird, Daniel Darc et Alain Chamfort interprétèrent un titre chacun.

Intimidés par l'enjeu

Écrasés par la richesse des arrangements et le souvenir du phrasé gainsbourien, aucun ne parvint réellement à tirer son épingle du jeu, à part Brian Molko. En se démarquant très nettement de Gainsbourg et en jouant de sa voix aiguë, il livra une convaincante version de la Ballade de Melody Nelson, dans une prestation pleine d'aisance. On ne peut pas en dire autant des autres intervenants, assez empruntés sur scène, et visiblement intimidés par l'enjeu.

Alain Chamfort, qui collabora avec Serge Gainsbourg sur plusieurs chansons diffusa son élégance habituelle et Daniel Darc s'avéra aussi touchant qu'à son habitude, mais l'ensemble ne décolla jamais vraiment.

Visiblement ému de diriger l'orchestre près de quarante ans après la confection du disque, Jean-Claude Vannier en profita pour interpréter en première partie plusieurs musiques de films et certaines chansons qui prouvent qu'il n'est pas un interprète. Il donna également l'Enfant assassin des mouches, pièce instrumentale assez audacieuse composée en 1972. À la fin de la soirée, le musicien remercia tous les intervenants, sans jamais faire allusion à Serge Gainsbourg, dont l'ombre persistante plana pourtant toute la soirée.

Une «Melody» en demi-teinte

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