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MEDS.STORY

Ils nous ont offert 3 dates pour un tour de chauffe de la tournée Meds qui devrait commencer d'ici peu. Le 4 mars à Lyon, Le 5 mars à Strasbourg et le 6 mars à Paris. J'ai moi même assisté à deux de ces dates. La première et la dernière des trois.

Lyon, Samedi 4 Mars 2006, Le Transbordeur

Arrivée sur place à quelques minutes de l’ouverture des portes, une file docile qui fait oublier le carnage parisien devant la FNAC Montparnasse, et entrée très très rapide en salle. Pour le coup très impressionnée par l’organisation lyonnaise.

Le transbordeur est la salle de concert rock idéale, petite, conviviale, qui rappelle les soirées les plus punk, énergiques et décontractées, celles où on va découvrir le dernier groupe prometteur avec la ferme intention de voir ce qu’ils valent, et ouvert à tout.
A priori les plus jeunes se tassent devant, dans l’espoir d’être le plus près possible du groupe, le reste s’installe tranquille sur les gradins.
L’ambiance est, malgré l’affiche prestigieuse, à l’image du lieu. Cool, détendue. Un public d’amateur en apparence venu entendre du rock, du vrai. Bill LLoyd vient donner quelques indications aux techniciens derrière la fosse, le concert ne saurait tarder à commencer.

GOMM débarquent. Une configuration scénique originale, puisque ils sont tous sur le devant de la scène, en arc, même le batteur qui fait face à la chanteuse aux claviers qu’elle touche à peine. Belle énergie de ce quatuor français, qui arrive à entraîner le public pour qui ils sont pour la plupart des inconnus, par leur plaisir de jouer et de partager. La soirée commence grâce à eux très fort.

Une fois leur set fini, le déménagement se fait très vite, Sharon Bampton la technicienne guitare s’affaire dans tous les sens pour préparer l’arrivée des stars.

Ils arrivent, saluent, et attaquent de suite. Meds, avec la surprise de voir que la voix féminine n’est pas jouée en live, et que c’est la voix de VV qui retentit, enregistrée.
L’enchaînement est rapide, Infra-red suit immédiatement après.
Première impression : Meds est album de live. Non pas qu’il diffère énormément de la version studio, mais on se rend compte que ces chansons sont faites pour vivre sur scène. Elles sont juste superbement interprétées, le son est excellent, puissant, et le groupe est rôdé.
Pour un tour de chauffe, c’est un coup de maître.
Par contre, pour un retour aux sources du rock, on note que les machines sont plus présentes encore qu'auparavant.
A la fin des deux morceaux, Brian Molko présente le groupe d’une façon laconique, presque lasse : « bonsoir, nous somme Placebo » marmonné, inaudible.
Drag succède à Infra-red, et comme tous les morceaux peu originaux de l’album, elle trouve une raison d’être en live. Morceau bâclé sur la fin par un Brian Molko excédé par une fan qui filmait la scène. Il s’empresse d’aller la dénoncer aux vigiles musclés en la décrivant. Devant le tôlé crée par cette réaction, il finit par lâcher un « vous avez qu’à laisser tomber » en anglais, peu convaincu. Un coup de blizard sur la soirée qui s’annonçait bon enfant.
Peu importe, arrive Space Monkey, un des morceaux les plus prometteurs du 5ème album. La voix de Brian est à peine audible à travers son petit appareil, mais la chanson fait le reste.
Because I Want You est elle beaucoup plus énergique sur scène, et réveille les plus paresseux.
Néanmoins, on sent qu’il manque quelque chose qui à ce niveau du concert aurait dû arriver déjà. Non pas les mots, on sait qu’ils sont superflus à un show, mais un truc qui se ressent, même quand on ne parle pas la même langue : La motivation, l’envie.

Le plaisir d’être sur scène est un courant électrique et les fans présents n’étaient pas de mauvais conducteurs, loin de là. Ils ont prouvé leur détermination et leur amour du groupe en se levant à l’aube pour avoir la chance de les applaudir. Avec de telles dispositions, c’est un court-circuit qui aurait dû avoir lieu.

A part la partie du public la plus inexpérimentée et venue avec sa charge de trop-plein d’énergie déjà prête à l’emploi, le reste peine à se sentir plus concerné que le groupe.
On se dit que ça va arriver, patience…
Follow The Cops finit de rendre perplexe les plus patients. Lui, le front man, a-t-il vraiment envie d’être là ? Il allume sa clope, boit un verre, débite un couplet, et va s’asseoir durant les parties musicales en attendant que ça se passe. Une belle chanson, bien interprétée une fois de plus techniquement, rien à redire. Mais à supposer une audience qui découvre, une audience francophone qui ne pipe mot en anglais, difficile pour elle de saisir la charge émotionnelle d’une si jolie chanson semblant tout droit sortie de  Black Market Music, tant l’interprétation est plate et sans saveur.
Brian Molko va récupérer des mains de Sharon Bampton son jouet, et un son bizarre en sort pour annoncer Post Blue, gros tube en puissance, et qui a l’air plus rock encore jouée en live.
Suivent successivement le single Song To Say Goodbye dont la fin prolongée rappelle celle de Twenty Years au Live8, et Blind, qui comme Drag rend beaucoup mieux en live.
One Of A Kind dont les parties de guitares entre les « I Am One » explosent aux oreilles, jouit du jeu sans faute des musiciens.

Le prochain morceau est une surprise. Impossible même aux premiers mots du couplet de reconnaître aux premiers abords 36 Degrees, le grand classique.
Cette version n’est pas sans rappeler la version « molle » de Teenage Angst, avec son tempo ralenti.
Agréable surprise. Applaudissements bruyants auxquels Brian Molko répond par un « elle est bien hein ! » un peu suffisant, mais cette interprétation le vaut.
Stefan prend la parole pour l’habituel « I think you all know this one » qui annonce The Bitter End depuis 2003, en place de Taste In Men.
La foule devait n'attendre que ça, l’effet est comme toujours garanti, puisque ça saute de partout.
Twenty Years, introduite et interpretée de la même façon qu’au Live8, avec le speech sur les dix ans du groupe et l’outro à rallonge, est loin d’être une surprise mais elle reste une réussite indéniable.

Ainsi se clôt le set avant rappel. Un bonsoir et tout le monde quitte la scène.
Durant les réglages techniques retentissent les premières notes de leur version du tube de Kate Bush, Running Up That Hill…Ce qui semblait n’être qu’une interlude est en fait la 1ère chanson du rappel. La première grande surprise de la soirée. Un choix on ne peut plus original. Et pertinent, puisque de toutes les reprises du groupe, elle est certainement celle qui apporte une véritable valeur ajoutée à la version originale. Pari très risqué quand on connaît l’émotion incomparable que Kate Bush apporte à ses titres.
Très beau moment, la première fois que le groupe l’interprète sur scène, peut être un clin d’œil à Dimitri Tikovoi qui aurait convaincu le groupe par son travail effectué sur ce titre.
Un Nancy Boy efficace par lui-même et non par l’enthousiasme de son interprétation vient clore cette soirée. Ils se retirent, Steve balançant sa baguette d’un air moqueur à l’audience, et les lumières se rallument.
Le public est incrédule, il attend un deuxième rappel. Il s’est écoulé en tout et pour tout 1h04 minutes entre le début et la fin, temps de pause avant rappel compris.

L’audience rappelle les trois gars, rien à faire, le décor est déjà démonté. Dépitée, celle-ci hue un groupe qu'elle a attendu avec impatience et qui a un peu raté le rendez-vous si prometteur.
Car ce n’est pas tant la durée qui a laissé cette amertume, mais la quasi-absence du groupe.


Placebo de retour dans une petite salle. Une promesse en elle-même. Revivre les grandes heures les plus Rock’n Roll, redevenir ce groupe purement musical, sans les décors et les mises en scène pour meubler l’espace. Voilà ce à quoi on s’attendait.
Parce que si techniquement, il faut admettre que le groupe a fait d’énormes progrès, que leurs chansons sont parfaitement interprétées, et qu’il semble loin le temps où le jeu de scène gardait un goût d’amateurisme, il a perdu par contre quelque chose en route. La rage, l’énergie, certains diront le feu sacré, et surtout le contact…
Un contact avec son public, ce n’est pas parler de la pluie et du beau temps, de discutailler entre les morceaux, c’est quelque chose de plus diffus que ça, quelque chose qui est dans l’air, et dont tout public, même s’il n’est pas autant acquis à la cause que celui de Placebo, est réceptif.
Ce qui différencie entre autre la scène rock de la scène pop c’est la performance.

Une bonne performance ce n’est pas seulement de bonnes chansons bien jouées d’un point de vue technique, plaisir que toute bonne chaîne stéréo est capable de vous offrir dans votre salon. Ce n’est pas être au milieu d’une foule pour danser, comme dans n’importe quel discothèque. C’est une démonstration de son travail, c’est l’échange avec l’artiste dont on a admiré le talent, afin qu’il vous anime de sa passion. Ne dit-on pas « aller à la rencontre de son public » ?
Là il nous a un peu poser un lapin pour le coup ! Un groupe absent, qui donnait l’impression d’assister à une répétition privée où notre présence n’était pas souhaitée.
Ce type de mépris évident n’est qu’amplifié par l’étroitesse du lieu. De là l’intérêt de jouer  dans un espace aussi confiné est nul, puisque les grandes scènes offrent au moins l’avantage du spectacle et du décor.

A l’image de leur réserve après le concert au mileu d'un petit comité composé de personnes du public qui a sû respecter leur confort en se montrant très sage, voire en les ignorant, l’occasion de rentrer en contact paisible avec ceux qui les mettent là où ils sont aujourd’hui est loupée, sûrement parce que ça ne les intéresse pas…

Pas très rock l’emballage !



Paris, Lundi 6 Mars, La Cigale

Autre lieu, autre décor, autre ambiance.
La Cigale m’a toujours fait penser, pour ses concerts rock bondés, à une arène avant d’accueillir les gladiateurs, avec ses grappes d’individus qui semblent accrochés aux gradins, juste au dessus de sa fosse bouillonnante. La proximité avec la scène est vertigineuse.
Arrivée après la performance de GOMM et juste avant celle du trio, l’ambiance est fiévreuse, comme avant une grande première théâtrale parisienne. Le public invité est beaucoup plus nombreux. Et on sent le poids des médias et du Milieu comparé à un Transbordeur très décontracté. Alex Weston la manageuse à mes côtés place elle-même certains « VIP », le public de fosse est plus agité, voire très agité, mais les gradins semblent occupés en grande partie par une sorte de Grand Jury.
Les caméras sont là aussi. Ce soir le spectacle est immortalisé. Les fausses notes seront à éviter.

Le groupe arrive, salut plus prononcé qu’il y a deux jours, et démarre de façon presque identique. La partie de la set list pour présenter l’album ne change pas.
Ce qui change indéniablement, c’est le jeu de scène. Brian Molko communique un peu plus, se permet des gestes plus rock n’ roll, parle même un peu, mais surtout se sent plus habité par ses chansons.
Le public est souvent pointé du doigt, désigné par les différents « you » que l’on retrouve sur presque toutes les chansons. Je me dis que le résultat doit bien rendre pour les spectateurs qui visionnent le show via leur portable.

Stefan Olsdal est tout sourire, fait du show en se dandinant, en sautant sur l’estrade de Steve...
Bref, le mot d’ordre est au spectacle.

Les chansons toujours aussi bien interprétées, à part un léger problème technique après Post Blue où Brian Molko nous propose de patienter avec une blague de Stefan, en suédois.
Stefan au passage, on attend toujours ta blague !
Le contact, sans être pour autant revenu aux grandes heures du rock, est maintenu. On s’en contentera bien désormais.
Le numéro sur Follow the Cops ne se reproduit pas. Cette fois Brian reste bien à sa place. Ca peut paraître dérisoire mais ça fait toute la différence.
Le public est sollicité, surtout une fosse déchaînée…d’où retentissent parfois des « briaaaaan » plutôt bruyants. Seul écho à la soirée de samedi : des mecs qui crient « mais il est où Brian Molko » au moment où celui-ci évoque leur premier concert en France à la Cigale.

Il présente pour l’occasion la version toute nouvelle de 36 degrees. Même si le public réagit super bien au nouvel album, et que Brian s’est chargé de les rendre vivantes et les mettre à la portée du public, ce sont les vieux tubes imparables qui enflamment la foule de pogoteurs en bas. Bitter End bien sûr, mais aussi Black Eyed, qui rappellent les meilleurs moments de la dernière tournée.
Twenty Years a droit au même traitement qu’à Lyon, de même que Running Up That Hill, qu’on entend toujours avec un aussi grand plaisir.

A l’heure où retentit Special K, c’est le délire total. Vu d’en haut le spectacle est autant sur scène que dans la fosse !
L’heure des adieux retentit avec Nancy Boy, repris en cœur.

Verdict :
Un public plutôt jeune en fosse, surexcité qui contrastait vraiment avec les « professionnels de la profession » présents plus loin.
Une set list rallongée, et surtout un spectacle beaucoup plus vivant, à croire que les échos négatifs de samedi ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd ; à moins que…

Ils ont prouvé qu’ils savaient ce qu’est le spectacle, et qu’ils savent encore le faire, ce qui n’est pas pour rassurer, je suis sure, ceux qui n’ont pas eu droit comme moi à une séance de rattrapage.

Nad.